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Visite préfectorale | Entre coûts de production et pénurie de main-d’oeuvre : la difficile équation

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Dix jours après son arrivée dans les Alpes-de-Haute-Provence, la nouvelle préfète Violaine Demaret s’est rendue dans une station fruitière, puis à la rencontre d’éleveurs ovins pour entamer son initiation à l’agriculture bas-alpine.

Peu de temps après sa prise de fonction, la préfète des Alpes-de-Haute-Provence Violaine Demaret s’est rendue sur le terrain pour découvrir la filière arboricole du département.
La première visite, qui s’est déroulée en présence du premier vice-président de la Chambre d’agriculture 04 David Frison représentant le président Frédéric Esmiol, et du directeur de l’organisme consulaire Bernard Savornin, le 2 septembre au Domaine Saint-Georges, géré par Didier Miolan, a été l’occasion de faire un point sur les spécificités de la production départementale, dont le Domaine Saint-Georges, qui fait désormais partie du groupe Les Vergers du sud est certes peu représentatif. De par sa superficie, pour commencer. Si le seul Domaine Saint-Georges exploite 230 ha, Didier Miolan, qui est par ailleurs vice-président du groupe Blue Whale, exploite 1 100 ha de pommiers au niveau national, contre une moyenne départementale qui est de 17 ha par exploitation. De par sa production, ensuite, le Domaine Saint-Georges produisant notamment à peine 34 % de Goldens au profit de la Royal Gala, de la Granny Smith et de variétés club comme la Joya, la Pink lady ou l’Ariane. Sur l’ensemble des domaines que compte la SCEA Les Vergers du Sud, situés en Provence et en Occitanie, Didier Miolan exploite 2 700 ha, dont 1500 ha de melons, et 50 ha de kiwis jaunes, dont 2 ha sont à l’essai dans le 04.
En dépit de ce caractère exceptionnel, cette visite a néanmoins été l’occasion d’aborder les difficultés rencontrées par les producteurs bas-alpins.

Dans la suite de l'article :
Aider les petits producteurs à s’organiser


Prédation : « La réactivité, c’est la base que l’on vous doit, à vous éleveurs »

Rendez-vous était donné au lac des Eissaupres, à une quinzaine de kilomètres de Jausiers, dans la vallée de l’Ubaye. Ce 4 septembre, la préfète des AHP Violaine Demaret devait rencontrer les éleveurs du groupement pastoral (GP) de Jausiers, présidé par Serge Rebattu. Un cadre magnifique choisi pour exposer à la préfète les problématiques générées par la prédation.
« Il n’y a pas meilleur que l’agneau de Sisteron », introduira Serge Rebattu, avant de montrer les tardons pâturant à proximité : « ce sont des agneaux qui ont grandi en alpage, ils ne savent pas ce que c’est que le granulé ». Par chance, ceux-là ne savent pas trop non plus ce qu’est le loup, le GP ayant été épargné cette saison. Leur problème, en revanche, c’est le chien de protection. « Le patou, c’est une bonne solution pour le loup, mais vis-à-vis des humains, c’est un moyen de protection à double tranchant », a-t-il souligné en expliquant qu’un touriste s’était fait pincer au cours de l’été. « Cela m’a valu trois visites chez le vétérinaire à 90 euros chacune, plus une visite de comportement à Digne parce que le promeneur avait porté plainte », explique le président du GP.
Embauché depuis quelques années comme animateur pastoral pour aller au-devant des promeneurs afin de les informer sur les bons réflexes à adopter en cas de rencontre avec un troupeau et des chiens, Thierry Oger déplorera « de plus en plus de violence à l’égard des chiens de protection ». Et de lister les instruments utilisés : gaz lacrymogène, taser, matraques télescopiques. « C’est Chicago ! », s’est indigné l’animateur également berger de métier.

Outre le coût représenté par les campagnes de communication, Olivier Pascal, vice-président de la Chambre d’agriculture représentant le président Frédéric Esmiol, pointera le problème récurrent de la responsabilité juridique dévolue aux éleveurs. « Le patou est un moyen de protection lourdement conseillé par l’État et la responsabilité juridique doit revenir à l’État. C’est une demande qui est faite depuis 20 ans et ça n’aboutira jamais ! »
Bien sûr, conviendra Thierry Oger, certains chiens sont des « grenades dégoupillées » et les éleveurs y ont leur part de responsabilité mais, insistera le directeur adjoint du Cerpam Laurent Garde, la source de certaines difficultés vient aussi des premières consignes données aux éleveurs en matière d’éducation, et qui étaient précisément de ne pas les sociabiliser. Des conseils « en dépit du bon sens » auxquels s’est ajoutée la perte génétique du Patou. « On a fait le choix d’un chien avec zéro génétique. On a perdu trente ans », estime Laurent Garde.
Certains éleveurs ont préféré se tourner vers d’autres races comme le Berger d’Anatolie. Là encore, pas toujours pour le meilleur. « On a des accidents tragiques avec des Anatolie, avertira Thierry Oger. C’est un chien qui va aller au conflit avec les loups, mais également avec le Yorkshire de mamie ou le Labrador de papi… »

Dans la suite de l'article :
► « Le seul moyen que l’on demande, c’est le prélèvement »


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