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Assises de l'eau : L’eau, source de vie et d’inquiétudes

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Le plan d’action a été révélé le 5 avril à l’hôtel du Département en présence de toutes les parties concernées.

Depuis février 2023, analyses et propositions ont été menées au sein de cinq ateliers axés sur autant de thématiques à l’initiative du préfet et du président du conseil départemental. Les services de l’État, les élus, les associations, les chambres consulaires et les usagers de l’eau, au total 204 participants, ont pris part à ce chantier destiné à « écrire une nouvelle histoire de la gestion de l’eau, que vous avez commencé à écrire dans votre département » selon les mots mêmes du grand témoin invité à conclure les trois heures de présentation et d’échanges, Olivier Barrière, consultant en développement durable.

Eau et hydraulique agricole, activités touristiques et usages de l’eau, eau et production d’énergie, eau potable et sécurisation de la ressource, Gemapi, sont les thèmes posés sur la table de travail lors des 21 réunions qui ont permis d’envisager dès à présent les comportements à adopter dans ces différents secteurs d’usage et de consommation d’eau, laquelle doit « sortir de l’image d’une ressource inépuisable ». Dans le département, chacun a en tête l’épisode de sécheresse en 2022 et celui des crues-inondations à l’automne 2023, deux phénomènes naturels aux antipodes l’un de l’autre.

Des projets structurants

L’agriculture haut-alpine demande la réalisation des projets de réserves d’eau en attente, à l’instar de ceux d’Aspremont et dans le Gapençais. Éric Lions, président de la chambre d’agriculture, réclamait ainsi « la sécurisation de la ressource en eau pour l’irrigation ». Il appelle de ses vœux « l’invention d’une nouvelle agriculture  », assurant « qu’il n’y a plus de climato-sceptiques chez nous », signifiant par là-même que les agriculteurs sont conscients d’une nécessaire adaptation dans les travaux des champs comme dans l’ensemble des pratiques de culture, d’élevage.

Un véritable défi se profile donc à moyen et long terme. Quant au court terme, c’est-à-dire dès aujourd’hui, des mesures sont d’ores et déjà prévues. Prenons le cas des canaux d’arrosage. « Ils étaient au nombre de 844 au XIXe siècle, ils ne sont plus que 120 de nos jours », a rappelé Hervé Moynier, technicien à la chambre d’agriculture. Un système d’irrigation gravitaire indispensable hier, demeuré pertinent aujourd’hui ne serait-ce que pour canaliser les eaux de surface plutôt que de les laisser s’épandre sur les terrains, ruisseler et provoquer des dommages. Le projet de Château-roux-les-Alpes, entrepris depuis plus de dix années, voit poindre enfin sa réalisation. C’est un projet territorial et structurant, dans le cadre d’un GIEE, qui permettra notamment d’économiser 2,6 millions de mètres cubes/an.

Christian Hubaud, agriculteur et vice-président du Conseil départemental en charge de l’agriculture, estime pertinente « la remise en service de canaux abandonnés ; pour l’irrigation et pour former des « tampons » nous préservant des inondations ». Il préconise également « d’agrandir par exemple les réserves collinaires des stations de ski » dans le cadre des réserves indispensables à l’agriculture, dont une farouche opposition provient de militants écologistes. « Ne laissons pas les esprits dogmatiques prendre le dessus  !  », assure-t-il.

Très engagé sur la problématique de l’eau, l’élu départemental siège au sein du Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance où il représente les Hautes-Alpes. Jamais avare de reproches envers les voisins provençaux, il sait aussi reconnaître leurs progrès dans la relation amont/aval : « Le syndicat mène un travail efficace, mais certains remettent en cause notre dynamique ». Concernant la Gemapi, Éric Lions in-terpellait l’assistance : « Comment améliorer la protection des terres agricoles ? » À la suite des dommages des crues-inondations de l’automne dernier, se pose la question de l’entretien des cours d’eau et de l’enlèvement des embâcles. Cinq mois plus tard, le problème demeure entier.

Maurice Fortoul

Article paru dans L'Espace Alpin n° 455 du vendredi 26 avril 2024