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Nuisibles : Déclarer pour éviter le déclassement

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Faute d’indemnisation, peu d’agriculteurs déclarent les dégâts engendrés par les corvidés. Par conséquent, le risque est grand de voir ces espèces déclassées.

Pie bavarde, corneille noire, geai des chênes, corbeaux, tous ces oiseaux font partie de la famille des corvidés et sont bien connus des agriculteurs notamment les arboriculteurs chez qui ils raffolent des pommes, des poires, des abricots ou encore des amandes. Cependant, contrairement aux sangliers les dégâts ne sont pas indemnisés même s’il s’agit d’espèces nuisibles.

Mais, peu d’agriculteurs remplissent des déclarations de dommages auprès de la Fédération départementale de chasse ou de l’association des piégeurs. Ce faible nombre de déclarations fait planer un risque non négligeable sur le classement de l’espèce. En effet, la Fédération s’appuie sur celles-ci pour étayer son argumentaire pour l’élaboration des arrêtés et l’élaboration de la liste des espèces classées selon les territoires.
Le risque est donc grand de voir ces corvidés disparaitre de ladite liste ce qui ne permettra plus de les réguler, c’est-à-dire les piéger ou les prélever.
Concernant cette dernière option une incohérence existe aussi, puisque s’il est possible de les piéger toute l’année il n’est pas possible de procéder à des tirs entre le 1er août et l’ouverture de la chasse. Or, cette période de l’année est également celle où les cultures sont encore dans les champs et les vergers. Notamment pour les amandes comme chez David Joulain à Manosque qui possède plusieurs hectares d’amandiers dont se repaissent allègrement les corneilles noires.

Des oiseaux voraces

« C’est vraiment très embêtant car elles me font beaucoup de dégâts sur des amandiers qui ont gelé deux ans de suite, explique l’amandiculteur. Elles vont sur les arbres, font tomber les amandes puis les mangent. Je me retrouve à me battre contre des corneilles et ce n’est pas mon métier ! J’ai fait appel à des piégeurs, ils sont très réactifs et dévoués, j’ai acheté un effaroucheur mais elles sont malines et ça ne dure qu’un temps. Cette période d’interdiction de tir c’est n’importe quoi, ils n’ont pas pris en compte des filières comme la nôtre alors qu’on est en plein restructuration. Nous avons de plus en plus de stress dans nos métiers et si l’on pouvait s’alléger de certains problèmes comme celui-ci ce serait bien. »

Une détresse qu’il l’a poussé à se tourner vers la Chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence qui a adressé un courrier à la préfecture dénonçant cet arrêté du 3août 2023 qui fixe les modalités de tir durant cette période cruciale de l’année pour les producteurs. Pour les amandes, le président de la chambre d’agriculture pointe dans le courrier « une pénalisation d’une filière emblématique du territoire qui tente de se développer ces dernières années » et souhaite voir cette demande remonter jusqu’au ministère de l’Agriculture pour que l’arrêté soit modifié et « prévoit une modification de ce dernier afin que le tir des corneilles, corbeaux et pies (espèces reconnues nuisibles) puisse être effectué du 1er août à l’ouverture de la chasse, sur autorisation individuelle préfectorale, comme cela se pratique déjà entre le 1er avril et le 31 juillet ».

Les autres filières ne sont bien sûr pas épargnées notamment les producteurs de pommes bicolores particulièrement prisées des oiseaux quand elles commencent à se colorer, fin juillet-début août… « Elles picorent les pommes ensuite elles pourrissent sur les arbres », précise Christophe Blanc des Mées. «L’effarouchement ne tient pas et nous avons fait venir un piégeur pour les pies, ça a fonctionné mais ça a laissé la place aux geais et c’est presque pire», déplore-t-il.

Du côté des piégeurs qui sont une soixantaine à intervenir dans le département, les moyens manquent car le matériel coûte cher et est personnel à chaque piégeur qui est bénévole. Lucien Bonnet le président de l’association des piégeurs est lui aussi inquiet de ce risque de perte de classement. « Il faut que les professionnels remplissent des fiches. Nous avons eu 180 fiches dommages, toutes espèces confondues seules cinq émanent de professionnels. Du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023, 133 200 € de dégâts sont imputables aux oiseaux, ce sont plusieurs tonnes de pommes, pêches, cerises, amandes, semis de tournesol, maïs, etc. Je me demande encore comment nous n’avons pas perdu le classement des corvidés, nous sommes encore les mieux lotis en Paca mais ça ne va pas durer... », avertit-il.
La Fédération départementale des chasseurs a aussi pris le problème en considération en permettant aux sociétés de chasse de bénéficier de 50 % de réduction sur l’achat de corbeautières ou de pièges.
 

Renseignements et déclarations :
Fédération départementale des chasseurs : 04 92 31 02 43 ou fdc04@remove-this.chasseurdefrance.com ou Lucien Bonnet, président de l'Association des piégeurs 04 : 06 26 55 13 28 ou mireille.bonnet47@remove-this.orange.fr
 

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