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Le nouveau Plan loup ne passe pas et le ministre en visite

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Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau était attendu mercredi à Digne-les-Bains pour une table ronde avec les éleveurs pour présenter le nouveau plan loup. Il était également prévu qu’il passe une partie de la nuit avec certains d’entre eux en montagne

« Nous sommes super déçus ». Telle a été la réaction de Bernard Mogenet, président des FDSEA de Savoie et responsable du dossier loup à la FNSEA qui a assisté à la réunion dirigée par Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et préfète déléguée « Loup ». « La prise de conscience qui semble émaner des discours des deux ministères (Agriculture et Transition écologique, ndlr), ne se traduit pas dans le plan loup », a-t-il déclaré. La déception est grande dans le rang des éleveurs qui avaient demandé, lors des Assises de la prédation en juin dernier à Chorges (Hautes-Alpes), la fusion des tirs de défense, avec la possibilité de tirer le loup dès la première attaque. En fait, le tir sera seulement simplifié dans les départements identifiés comme « prédatés » et sur les élevages qui sont dans le cercle 2 et qui ont pris des mesures de protection.

Ces conditions remplies, il pourra alors y avoir deux tireurs. « Ils pourront être trois de manière assez exceptionnelle », a précisé Bernard Mogenet. Pour lui, le gouvernement ne veut pas aller plus loin dans l’allègement des protocoles, « car il a peur de se faire attaquer par les associations écologistes. Depuis une décision du Conseil d’État (18 décembre 2017, ndlr), il ne veut prendre aucun risque juridique et veut respecter la gradation recommandée par le juge administratif ».

En revanche et compte-tenu du dernier bilan de l’Office français de la biodiversité (OFB), soit 1 104 loups recensés, le nombre d’animaux à prélever d’ici la fin de l’année devrait mathématiquement augmenter et passer de 176 à 209 en conservant un taux de prélèvement de 19 %. 

Quant au système de comptage, le gouvernement entend le réformer pour « évaluer la population lupine de façon plus robuste ». Il vise aussi à « évaluer la viabilité génétique à l’échelle européenne de la population lupine ». La nouvelle méthode de comptage devrait être opérationnelle en 2025. 

Le nouveau Plan loup ouvre également la porte à un changement du statut du loup pour le faire passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée » au niveau international et européen.

Enfin, un budget de 2,5 millions d’euros sera consacré à de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux (renforcement de l’efficacité des tirs, adaptation des moyens de protection aux contextes d’élevage et de prédation, etc.), notamment pour répondre aux enjeux des nouveaux territoires prédatés. 

Déception et colère

« Ça va dans le bon sens, mais nous regrettons qu’il n’y ait aucun budget d’annoncé pour le soutien psychologique aux éleveurs ». En complément, l’État s’est engagé à étudier la « non-protégeabilité » de certaines zones ou certains types d’élevages (bovins, équins). 

Les Organisations professionnelles agricoles (OPA) n’ont pas tardé à réagir et ont publié un communiqué au titre explicite : « Copie à retravailler de fond en comble ». Elles auraient préféré « un plan de sauvegarde de l’élevage et du pastoralisme, notamment construit autour du bien-être des éleveurs et de leurs animaux ».  
« C’est de la poudre aux yeux, déclarait Margot Mégis présidente de Jeunes Agriculteurs 04 alors que Marc Fesneau le ministre de l’Agriculture était attendu mercredi 20 dans le département. Comme à chaque fois on reste sur notre faim. Nous n’attendons pas grand-chose de la venue du ministre. Nous voulons quelque chose qui aura une efficacité notable sur les attaques et le nombre de victimes. Ce qu’il y a de primordial maintenant c’est le statut du chien de protection et de réduire la lourdeur administrative. »
« Je suis perdu, je ne sais pas quoi faire, je ne comprends pas trop pourquoi il vient, s’emporte Julien Giraud, président de la Fédération départementale ovine. Il ne va pas venir s’excuser de ne pas avoir pris en compte nos demandes. J’ai le sentiment qu’on nous a planté un poignard dans le dos et qu’il vient le tourner. Il y a un an quasiment tout pile, il a passé une nuit avec nous, on lui a montré la réalité et nous n’avons pas obtenu d’avancées. Il va venir nous expliquer qu’il ne s’est pas soucié de nous ? Ils proposent des études, c’est bien, mais il n’y a rien de concret. »

« Ce plan est un plan d'intentions et non d'actions, déclare Laurent Depieds, président de la FDSEA 04 et de la FRSEA Paca. Il y a des avancées idéologiques mais nous attendions des mesures concrètes et c'est ce que je vais dire au ministre. C'est courageux de venir nous voir, je pense qu'il veut nous convaincre mais ce que nous voulons ce sont des actes, pas des paroles. Il y a des choses sur lesquelles il peut agir comme le statut du chien de protection, l'indemnisation des éleveurs car ce sont des problèmes franco-français. Je veux être un relais d'opposition mais aussi de dialogue. »  

À voir donc quel sera le bilan de cette rencontre et le ressenti des parties en présence…

ActuAgri & A.G.

Article paru dans L'Espace Alpin n° 441 du vendredi 22 septembre 2023