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Découverte : La « musique des bergers » passionne toujours autant

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Jean-Pierre Imbert, figure bien connue de Saint-Véran dans les Hautes-Alpes possède une belle collection de sonnailles pour lesquelles il se passionne

Comme bon nombre d’agriculteurs haut-alpins la préoccupation principale de Jean-Pierre Imbert en ce début d’été est la sécheresse. « Ah ! Il est tombé 8 mm, s’exclame-t-il. Il faudrait deux à trois bonnes journées de pluie tellement c’est sec, c’est une catastrophe ! ».

Après avoir fini le parc de ses bêtes il se décide à parler de sa passion ou plutôt de l’une d’entre elles : les sonnailles. Il possède un troupeau composé de 300 brebis de race mérinos et d’une quarantaine de chèvres du Rove. La Rove est une chèvre très rustique, en plus de son lait, elle est une excellente débroussailleuse. Jean-Pierre recherche des animaux de couleur rouge tirant sur le noir.

Dans les années 1990, l’éleveur a également eu des bovins de race aubrac pendant une dizaine d’années, une très belle race allaitante.

À chaque cloche, sa sonorité

Passons aux sonnailles : « J’en ai plusieurs dizaines, c’est une passion, c’est la musique du berger, c’est la cohésion et la sécurité du troupeau, s’enthousiasme-t-il. C’est aussi tellement de souvenirs de la transhumance, des rencontres sur les foires, des durs moments en gardant dans la Crau, sur le plateau de Valensole ou encore en alpage mais aussi de beaux moments quand il fait beau que ça tinte bien, de savoir que telle brebis est là reconnaissable au son de sa cloche, une autre ailleurs. Le bélier avec son Redon. Nous avons plusieurs types de sonnailles faites en bois de cytise et le battant avec l’os d’un âne. Chacune a sa sonorité, par exemple, le redon que l’on met au bouc sonne grave, détaille-t-il. La pique, elle, est plus large en haut qu’en bas, on la met aux grosses brebis et elle tinte assez clair, aiguë. Le clavelas, c’est le contraire il est plus large en bas qu’en haut le son est donc différent. Le petit clavelas on le met aux bessonnes les brebis qui ont fait deux agneaux. La platelle, elle, est bien droite et elle était mise aux ânes pendant la transhu-mance. Les colliers des sonnailles sont faits en cytise dont le bois est très dur mais il se plie bien ».

Faire chanter la montagne

Jean Pierre est intarissable, il en parlerait pendant des heures avec des yeux qui pétillent au-dessus de ses belles et célèbres bacantes. Il poursuit d’ailleurs : « et puis, il y des cloches provenant du Val d’Aoste, des Pyrénées, des Savoies mais aussi de magnifiques clarines de vaches venant du Doubs, du Jura ou du Massif Central ! ».

Autre sujet qui lui tient à cœur sa commune : Saint-Véran dont il est le 1er adjoint. «  Saint-Véran c’est 200 habitants mais l’été il est dur de s’y garer, explique-t-il. Tout le monde veut visiter le village le plus haut d’Europe, là où le coq picore les étoiles ! ».

Sur les 4 400 ha que compte la commune plus de 3 000 sont en Association foncière pastorale (AFP) et elle compte deux troupeaux transhumants et quatre éleveurs : trois en ovin dont un jeune qui veut faire des brebis laitières et un éle-veur qui a des ovins et des bovins à dominance charolaise. De quoi faire résonner la montagne envi- ronnante du « chant » des trou-peaux pendant encore quelques années.

Jean-Jean Bernard

Article paru dans L'Espace Alpin n° 416 du vendredi 15 juillet 2022