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Prédation : Des attaques en augmentation et un gouvernement entre chèvre et chou

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Alors que le nouveau Plan loup doit être examiné à la rentrée, la saison estivale a une fois encore été le théâtre d’attaques répétées sur les troupeaux alpins. Sur les deux départements, on avoisine d’ores et déjà le millier de victimes.

Les étés se suivent et se ressemblent. En pire.
Tandis que l’association Ferus déplorait début août l’agression du naturaliste haut-alpin et militant de CAP Loup Pierre Rigaux lors de la manifestation organisée le 5 août dans l’Aveyron pour dénoncer les dégâts imputables au canis lupus et l’abattage de trois loups, dont deux dans les Hautes-Alpes à Cervières le 24 juillet et à Monétier-les-Bains le 6 août (six loups supplémentaires ont depuis été tués sur le territoire national selon les services de l’État), le nombre d’attaques et le nombre de victimes de la prédation poursuit sa progression. Dans les Alpes-de- Haute-Provence, au 31 juillet, la préfecture annonçait 178 attaques ayant impacté 345 exploitants différents et 500 victimes indemnisables. En 2016, à la même date, les services de l’État comptaient 154 attaques et 427 victimes indemnisées.

Dans les Hautes-Alpes, on comptait au 15 août 120 constats de dommage et 463 animaux tués, dont 78 constats et 356 animaux morts pour lesquels la responsabilité du loup n’est pas écartée. Une relative stabilité par rapport à l’an passé où l’on comptait, au 9 septembre, 104 constats et 417 animaux tués par des loups. Si tant est d’ailleurs que l’on puisse parler de « stabilité », les éleveurs s’en passeraient bien, comme en témoignent les multiples actions menées dans les Hautes-Alpes pour faire entendre la cause des éleveurs, finalement assez peu satisfaits par les mesures prises par les ministères de la Transition écologique et solidaire et de l’Agriculture.

Mesures insuffisantes contre le loup
Le 20 juillet, les ministres Nicolas Hulot et Stéphane Travert ont signé l’arrêté fixant le nombre maximal de loups pouvant être prélevés pour la période 2017-2018, soit 40 loups.
L’arrêté fixe à 40 le nombre de loups pouvant être prélevés. Au delà d’un seuil intermédiaire de 32 loups, les tirs de prélèvement ne seront plus autorisés. Seuls des tirs de défense ou de défense renforcée pourront avoir lieu, lorsque les loups sont en situation d’attaque et l’éleveur en situation de défense de son troupeau.

Dans un communiqué commun, la FNSEA, JA (Jeunes agriculteurs) et la FNO (Fédération nationale ovine) regrettent d’une part, le fait que le plafond n’ait pas pris en compte la croissance exponentielle du loup, de 22% en 2016 (ce qui devrait, disent-ils, « porter le calcul du plafond de loups à prélever à 49 minimum »), et dénoncent la suppression des tirs de prélèvement au-delà du seuil de 32 individus.
Entre autres mesures prises dans l’arrêté du 18 juillet, il reviendra, précise le communiqué, « au préfet coordonnateur de définir des priorités concernant les tirs de prélèvement afin qu’ils soient mieux répartis tant sur le plan géographique, en fonction des foyers d’attaque, que dans le temps. Le préfet veillera également à la mise en place de cellules de suivi départementales, en concertation avec tous les partenaires, pour que des mesures adaptées aux situations locales puissent compléter le dispositif national, notamment dans l’accompagnement des éleveurs subissant la prédation ».

Par ailleurs, le suivi des mesures de protection sera renforcé. « Ainsi lors de chaque attaque, le constat de dommages permettra désormais d’évaluer de façon précise les mesures mises en place pour protéger le troupeau ».
« Nous devons collectivement relever le défi de la préservation de cette espèce protégée qui est structurante de nos écosystèmes et assurer des conditions d’élevage, en particulier du pastoralisme, sécurisées pour les éleveurs. Cette coexistence doit se construire ensemble et en l’inscrivant dans le temps », a également déclaré Nicolas Hulot, tandis que Stéphane Travert a assuré faire « confiance à la concertation et à la dynamique collective pour construire un nouveau dispositif qui satisfasse les ONG et les éleveurs ». Les négociations du Plan Loup 2018-2022 débuteront en septembre pour une entrée en vigueur en janvier 2018.

Téléchargez la suite de l'article, avec au programme :

- Élevage et loup: une « étude prospective » réalisée à l'automne (Travert)

- « Le problème, c’est qu’on n’a plus le droit à l’erreur »
Installé sur le secteur de la Haute-Bléone, Jean-Marie Segond a subi cinq attaques depuis le début de l’année. La dernière en date a causé la mort d’une cinquantaine de brebis au groupement pastoral de la Selle dont il fait partie.

- Le ministère cherche 35 M€ pour financer les dégâts liés au loup

St.M.C